Le décret Paysage et ses conséquences
Posté le 18/09/2018 — Actualité précédente / suivante |
Les effets du décret Paysage, mis en oeuvre en 2014, commencent à se faire sentir. Et 400 professeurs d'universités francophones font part de leur mécontentement dans une lettre ouverte adressée au ministre Marcourt.
Ces professeurs dénoncent la déresponsabilité des étudiants, la tendance à la procrastination et un sentiment erroné de réussite liés à la règle des 45 crédits sur 60 à valider pour être admis en bac 2. Cette situation reporte sans cesse le moment où les étudiants constatent leurs difficultés à poursuivre... et abandonnent.
Pour les universités, les parcours d'étude personnalisés provoquent une charge administrative supplémentaire et des difficultés d'organisation. Elles dénoncent également la dévalorisation des diplômes, "qui peuvent désormais être obtenus à l'usure".
Selon les chiffres fournis par certaines universités francophones, le nombre d'étudiants réalisant un parcours "sans faute" dans le supérieur a diminué de 3% entre le système Bologne et le système Paysage. La part d'étudiants inscrits en bachelier quatre ans après leur entrée dans le supérieur ayant, elle, augmenté de 7%.
Les professeurs, s'ils sont favorables à une réforme de l'enseignement supérieur, pointent le fait que le décret Paysage s'est inspiré de certains exemples étrangers mais sans prendre en compte tous les éléments. Ainsi, il apparaît que, dans les pays concernés, l'enseignement secondaire est davantage balisé en fonction des talents et possibilités des élèves, filtrant ainsi l'accès aux études supérieures. Ce filtre n'existant pas chez nous, un nombre important d'étudiants se présentent en bloc 1 alors qu'ils ne disposent pas des compétences indispensables à un niveau universitaire.
En réponse à cette lettre ouverte, Jean-Claude Marcourt annonce qu'un avant-projet de texte modifiant la réforme de l'enseignement supérieur est en préparation.
Le Soir, 18 septembre 2018