Réforme de l'alternance : vers une meilleure adéquation avec le marché de l'emploi
Posté le 22/10/2024 — Actualité précédente / suivante |
Sous la houlette de l'Office francophone de la formation en alternance (Offa), dirigé par Alain Goreux, une vaste refonte du secteur de la formation en alternance se dessine. Le 26 septembre dernier, les gouvernements de Wallonie et de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont dévoilé une feuille de route commune, visant à structurer et moderniser l'ensemble du paysage de l'alternance. Ce projet, prévu pour s’étaler sur plusieurs années, entend répondre aux besoins des entreprises tout en améliorant les perspectives d'emploi pour les jeunes.
Pour Alain Goreux, la réforme est non seulement nécessaire mais urgente. Malgré les promesses et quelques initiatives lancées ces dernières années, comme la création de l'Offa en 2016-2017 et la mise en place d’un contrat d’alternance commun, les avancées ont été limitées. « Remettre de l’ordre » dans ce secteur permettra d’améliorer la transition entre formation et emploi, notamment pour les jeunes issus de l’enseignement qualifiant, qui devraient pouvoir intégrer directement le marché du travail.
La réforme pourrait également inclure une révision des filières d’enseignement, pour mieux différencier celles qui s’adressent aux jeunes encore sous obligation scolaire de celles qui sont destinées aux adultes en reconversion. La clé est d'aligner ces filières sur les besoins réels des entreprises, en s'assurant qu'elles débouchent sur des opportunités d'emploi sans nécessiter de formations supplémentaires.
L’implication des entreprises, un enjeu crucial
Si l’alternance doit devenir un levier fort pour l’emploi, cela passe par une meilleure collaboration avec les entreprises, en particulier les grandes structures qui restent souvent en retrait. En Belgique francophone, plus de 90 % des entreprises formatrices sont des petites structures ou des indépendants. Les grandes entreprises, pourtant en quête permanente de personnel, investissent rarement dans l’alternance, contrairement à d’autres pays européens. La réforme devra donc s’atteler à comprendre ce désintérêt et à encourager les grands groupes à s’impliquer davantage.
Un secteur marqué par des taux d’abandon élevés
Actuellement, environ 30 % des jeunes abandonnent l’alternance dans le premier mois de leur formation. Une proportion importante, bien que certains d’entre eux choisissent simplement de se réorienter. Néanmoins, les taux d’insertion professionnelle restent élevés, avec près de 90 % des apprenants trouvant un emploi à l’issue de leur cursus.
Alain Goreux souligne également la nécessité d’accompagner ces jeunes pour éviter les décrochages précoces. Un accueil inadéquat en entreprise ou une orientation mal choisie sont souvent à l'origine des abandons. Une formation renforcée pour les tuteurs en entreprise pourrait jouer un rôle clé, en aidant les jeunes à s’intégrer et à développer progressivement les compétences attendues.
L’image de certains secteurs doit évoluer
Changer les mentalités est également un défi majeur pour l’alternance. Certains secteurs, comme la construction, souffrent d’une image négative qui ne reflète plus la réalité des métiers. Améliorer cette perception auprès des jeunes et de leurs parents pourrait contribuer à attirer davantage de candidats vers des secteurs pourtant en pénurie de main-d’œuvre.
La réforme ne se limitera pas à l’enseignement qualifiant ou secondaire. L’objectif à long terme est de créer un parcours de formation cohérent, qui s’étendra jusqu’à l’enseignement supérieur, permettant ainsi aux jeunes de poursuivre leur apprentissage en alternance à tous les niveaux. Pour Alain Goreux, il est crucial d’offrir aux apprenants une vue d’ensemble de leur parcours, afin qu’ils puissent faire des choix éclairés et suivre un itinéraire qui mène à un emploi stable.
En fin de compte, cette réforme vise à faire de l’alternance un choix de parcours, et non une voie de repli. L’ambition est de créer un système où chaque jeune, qu’il ait 15 ou 20 ans, trouve sa place et peut se former selon les besoins réels du marché de l'emploi.
Le Soir, 22 octobre 2024