Les élèves francophones en difficulté en mathématiques et sciences

Posté le 04/12/2024  —  Actualité suivante

Pour la première fois, la Fédération Wallonie-Bruxelles a participé à l’étude internationale Timss, une enquête qui évalue les compétences des élèves de 4e primaire en mathématiques et en sciences. Les résultats de l’édition 2023 placent les élèves francophones belges en queue de peloton, tout juste devant leurs homologues français parmi les pays voisins.

Avec un score moyen de 489 points en mathématiques, la Fédération Wallonie-Bruxelles se situe bien en deçà de la moyenne européenne, fixée à 524 points. Les performances en sciences ne sont guère meilleures : avec 481 points, les élèves francophones sont devancés par ceux de la Communauté flamande et de la France. En revanche, les Pays-Bas, l’Allemagne, et surtout l’Angleterre obtiennent des scores largement supérieurs, proches ou au-delà de la moyenne européenne.

Un niveau de compétence préoccupant

L’étude révèle que 30 % des élèves francophones atteignent uniquement le niveau « rudimentaire » en mathématiques, reflétant une compréhension limitée des concepts sans capacité à les appliquer. Pire, 12 % se situent sous ce seuil. En sciences, la situation est similaire, avec 31 % des élèves au niveau rudimentaire et 15 % en grande difficulté. Ces chiffres inquiètent les experts de l’Université de Liège (ULiège), qui qualifient cette proportion élevée d’élèves en difficulté comme « alarmante ».

Malgré ces résultats globaux faibles, environ 20 % des élèves sondés atteignent un niveau avancé ou élevé. Les chercheurs soulignent cependant que près de la moitié des questions posées lors des tests portaient sur des contenus qui ne sont pas enseignés formellement au cours des quatre premières années du primaire.

Des disparités selon le contexte socio-économique et le genre

Trois facteurs majeurs influencent les performances des élèves : le niveau socio-économique, le retard scolaire et le genre. L’écart de scores en mathématiques entre les élèves favorisés et défavorisés est de 79 points, et grimpe à 92 points en sciences. Bien que ces différences soient comparables à celles observées dans d’autres pays européens, elles soulignent une inégalité persistante dans le système éducatif.

Par ailleurs, les garçons surpassent significativement les filles en mathématiques (+21 points) et en sciences (+7 points). Cet écart, l’un des plus marqués d’Europe, met en évidence une discrimination systémique. Fait intéressant, certains pays, comme la Finlande, inversent cette tendance avec des performances féminines supérieures.

Des pistes explicatives

Un élément éclairant concerne l’âge des élèves belges. Ceux-ci sont parmi les plus jeunes à ce niveau de scolarité dans les pays de l’OCDE. Or, les pays les mieux classés comptent souvent des élèves ayant près d’un an de plus en moyenne, ce qui pourrait leur conférer un avantage.

De plus, les épreuves Timss étant réalisées sur ordinateur, cette modalité a pu perturber certains élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles, où cette pratique est peu courante. Enfin, ces résultats précèdent l’application progressive des mesures prévues par la réforme du tronc commun, ce qui limite leur représentativité des futurs acquis.

La prochaine édition de Timss pourra servir de point de comparaison pour évaluer les effets des réformes éducatives en cours. En attendant, ces résultats soulignent l’urgence de mesures concrètes pour réduire les inégalités et améliorer les performances des élèves dans les compétences fondamentales.

Le Soir, 4 décembre 2024


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