L’enseignement qualifiant face à des menaces budgétaires

Posté le 25/11/2024  —  Actualité précédente / suivante

Les mesures envisagées par le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles suscitent une vive inquiétude dans les écoles secondaires proposant des formations qualifiantes, notamment à l’Institut Maria Goretti, en province de Liège.

Dans cet établissement spécialisé, les élèves s’initient à des métiers tels que l’esthétique, la coiffure ou les soins animaliers dans des conditions qui reproduisent fidèlement leur futur environnement professionnel. Cependant, la sérénité des lieux est mise à mal par des décisions politiques qui pourraient bouleverser cet écosystème éducatif.

Avec 720 élèves inscrits, l’Institut Maria Goretti offre un parcours unique qui mêle enseignement théorique et apprentissage pratique. Pourtant, la directrice de l’établissement, Marie-Rose Rotolo, tire la sonnette d’alarme : selon elle, les réformes prévues menacent directement l’existence de plusieurs sections, voire celle de l’école elle-même.

La mise en œuvre de nouvelles règles budgétaires et la suppression progressive des troisièmes années qualifiantes d’ici 2029, en raison du Pacte d’excellence, risquent d’entraîner une chute brutale des effectifs. "Si ces mesures s’appliquent, nous perdrons près de 175 élèves et une quinzaine d’enseignants", déplore-t-elle. À cela s’ajoute la perspective de voir des élèves majeurs exclus du circuit scolaire traditionnel, contraints de se tourner vers la promotion sociale ou d’autres alternatives.

Des élèves vulnérables en première ligne

Parmi les jeunes concernés, Yasmine, Océane et Annaëlle témoignent de l’importance de leur parcours au sein de l’Institut Maria Goretti. Ces élèves, souvent fragilisées par des expériences antérieures dans l’enseignement général, trouvent dans ce cadre un accompagnement adapté à leurs besoins. Yasmine, par exemple, aspire à se spécialiser en maquillage artistique, une formation accessible uniquement dans le privé si son école venait à fermer. De son côté, Océane, 19 ans, apprécie le soutien et l’encadrement personnalisé qui lui ont permis de retrouver confiance en elle.

Quant à Annaëlle, son parcours reflète les défis auxquels ces jeunes font face. Victime de harcèlement scolaire, elle a réintégré le système éducatif grâce à la bienveillance et au suivi de ses enseignants. Aujourd’hui, elle envisage une carrière en soins animaliers, portée par un nouvel élan.

L’impact sur les enseignants et les classes

Du côté des enseignants, l’inquiétude est tout aussi palpable. Brigitte Cantillon, professeur d’esthétique, redoute l’impact des coupes budgétaires sur des élèves déjà fragilisés. Selon elle, le passage à l’enseignement pour adultes risquerait de créer un décalage pour ces jeunes encore en construction. Raphaël Spronck, professeur de sciences, souligne la spécificité de l’enseignement qualifiant, où les classes plus réduites permettent un suivi individualisé et une préparation concrète au marché du travail.

Face à ces menaces, l’ensemble de la communauté éducative se mobilise. Enseignants et élèves se préparent à participer massivement à une grève pour défendre leur modèle éducatif. Ils espèrent ainsi interpeller le gouvernement sur les conséquences désastreuses que pourraient avoir ces réformes sur l’avenir de milliers de jeunes et sur l’égalité des chances dans le système éducatif belge.

L’Institut Maria Goretti et d’autres établissements similaires incarnent une réponse essentielle au décrochage scolaire et à la formation professionnelle des jeunes. Leur disparition représenterait une perte majeure pour ces élèves, souvent en quête d’une seconde chance.

 Le Soir, 25 novembre 2024


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