Une formation en agriculture biologique sur le point de renaître ?
Posté le 23/09/2024 — Actualité précédente / suivante |
Le monde de l'agriculture biologique est en ébullition suite à l'annonce récente de la Haute École de la Province de Namur (HEPN) d'annuler, pour l'année académique 2024-2025, sa seule spécialisation en agriculture biologique en Belgique. Malgré un nombre record de 22 préinscriptions, cette décision, justifiée par des contraintes budgétaires, a suscité une vague d'inquiétudes chez les professionnels du secteur.
Thierry Van Hentenryk, porte-parole de l'Union nationale des agriculteurs biologiques (Unab), a exprimé sa déception face à cette fermeture. "L'arrêt de cette formation envoie un message très négatif à un moment où l'agriculture bio est cruciale pour répondre aux défis de la durabilité et de la transition écologique", a-t-il souligné. La spécialisation, qui suscitait un intérêt croissant, devait justement pallier le besoin grandissant de compétences dans ce domaine clé. Pour Van Hentenryk, cette annulation à quelques jours du début des cours place les étudiants dans une situation délicate.
Cependant, des initiatives sont déjà en gestation pour trouver des solutions et garantir la continuité de la formation. L'Unab tente de réunir des financements d’urgence pour créer un programme alternatif, avec l'ambition de répondre encore mieux aux exigences du terrain. Selon son chargé de plaidoyer, il s'agit d'une opportunité non seulement pour préserver une offre éducative de qualité, mais aussi pour préparer les futures générations d'agriculteurs à relever les défis environnementaux.
Eddy Montignies, professeur à l'HEPN et cofondateur de l'institut de recherche en agriculture biologique Brio AA, partage cette volonté de refonte du parcours éducatif. Pour lui, il est temps de dépasser le cadre actuel où la spécialisation en bio arrive après une formation axée sur l'agriculture conventionnelle. Il préconise un programme plus concret, basé sur les pratiques biologiques dès le départ. "Il est essentiel d’offrir une formation pratique où les futurs agriculteurs apprennent directement à travailler avec des méthodes biologiques. La spécialisation viendrait ensuite approfondir les connaissances sur les impacts néfastes des produits chimiques et leurs conséquences sanitaires et environnementales", explique-t-il.
Brio AA, déjà actif dans l’organisation de modules de formation pour des universitaires et des professionnels du secteur, réfléchit sérieusement à l’élaboration d’un cursus complet en bio. Cette initiative représenterait une réponse directe à la suppression de la formation à la HEPN et une tentative de maintenir l'intérêt pour cette branche de l’agriculture qui, selon Montignies, souffre d’un désintérêt croissant dans l’enseignement.
Alors que la situation reste incertaine pour les étudiants inscrits à la formation annulée, des spécialistes du secteur se mobilisent pour inverser la tendance. Si les efforts de financement aboutissent, une nouvelle formation pourrait bien voir le jour, plus adaptée aux réalités du terrain et aux aspirations des agriculteurs de demain.