Le néerlandais en recul dans les écoles wallonnes : quels constats, quelles causes, quelles perspectives ?
| Posté le 29/09/2025 — Actualité précédente / suivante |
Ces dernières années, le nombre d’élèves wallons qui optent pour le néerlandais à l’école diminue clairement. Bien que la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) comptabilise 115 000 élèves suivant des cours de néerlandais en 2024-2025, ce chiffre masque une baisse d’environ 2,9 % dans la seule Wallonie.
Par ailleurs, 70 % des élèves wallons choisissent désormais l’anglais comme première langue étrangère, ce qui montre que le néerlandais se fait de plus en plus distancer.
Les raisons du désamour
Plusieurs facteurs expliquent cette tendance :
- Stratégie perçue : beaucoup voient l’anglais comme plus utile dans un contexte international, dans les médias, pour les études et les carrières. Le néerlandais, lui, reste souvent considéré comme moins prioritaire.
- Image et motivation : certains élèves et parents estiment que le néerlandais est plus difficile, moins valorisé, ou encore qu’il leur est imposé, ce qui réduit l’enthousiasme.
- Absence de visibilité médiatique : le néerlandais ne reçoit pas la même exposition dans les médias francophones que l’anglais, ce qui nuit à sa présence dans l’esprit des jeunes.
- Pénurie d’enseignants : le manque de profs de néerlandais est un problème concret, qui rend l’enseignement plus difficile, voire dans certains cas, converti en soutien ou activités annexes quand il n’y a pas le personnel qualifié.
Quelles mesures envisagées ?
Face à cette situation, des pistes ou des décisions sont en cours :
- Le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles s’est fixé comme objectif de rendre obligatoire l’apprentissage du néerlandais (ou de l’allemand) dès la troisième primaire, pour tous les élèves, à partir de la rentrée 2027-2028.
- On étudie aussi comment rendre la langue plus attractive dès le plus jeune âge : meilleures méthodes pédagogiques, plus d’immersion, échanges entre élèves des communautés linguistiques, etc.
Les défis à surmonter
Cependant, plusieurs obstacles pourraient freiner ces ambitions :
- Ressources humaines : sans suffisamment de professeurs qualifiés, il sera difficile de généraliser l’offre et de garantir une qualité pédagogique suffisante.
- Acceptation sociale : imposer une langue peut susciter des résistances—chez les élèves, chez les parents, ou dans certaines écoles. Il faudra soigner l’adhésion, l’image et la motivation.
- Calendrier et mise en œuvre : malgré les annonces, certaines mesures risquent d’être repoussées si les conditions ne sont pas remplies (professeurs, matériel, formation).
Le recul du néerlandais dans les écoles wallonnes apparaît comme un enjeu à la fois culturel, social et économique. Ce phénomène s’accompagne d’un virage vers l’anglais, jugé plus porteur, mais cela met en question la place des langues nationales dans l’enseignement. Les autorités de la Fédération Wallonie-Bruxelles ont pris conscience du problème et s’engagent vers des réformes, mais le succès dépendra largement de la capacité à mobiliser les moyens (humains, pédagogiques) et à convaincre.
RTBF Actus, 29 septembre 2025