La diversité culturelle à l’école : un atout pour la réussite des élèves
Posté le 03/09/2024 — Actualité précédente / suivante |
Une récente étude menée par des chercheurs belges de la KU Leuven montre que les écoles accueillant une grande diversité culturelle, appelées écoles « super-diversifiées », offrent un environnement propice à la réussite des élèves. Contrairement aux établissements qui négligent ou rejettent cette diversité, ces écoles permettent à leurs élèves d'obtenir des résultats nettement supérieurs à la moyenne.
Menée par les professeurs Orhan Agirdag et Jozefien De Leersnyder, cette recherche a porté sur 850 élèves de 5ème et 6ème année répartis dans 18 écoles primaires en Flandre, notamment à Gand, Genk et Anvers. Ces établissements, où 80 % des élèves proviennent d’un milieu non-européen, ont été analysés dans le cadre d'une étude plus large portant sur l'impact de la gestion de la diversité ethnique et culturelle sur les résultats scolaires et le bien-être de plus de 3 000 élèves.
Les résultats sont révélateurs : 44 % des élèves de ces écoles ont obtenu des scores supérieurs à la moyenne des 58 écoles étudiées, et 12 % ont même atteint des résultats excellents. Les chercheurs ont ensuite cherché à comprendre les facteurs derrière ces réussites inattendues, en évaluant notamment la manière dont la diversité est gérée au sein des écoles.
Des politiques d’assimilation contre-productives
L'étude a montré que la diversité linguistique ou religieuse des élèves n’impactait pas directement leurs résultats. Par exemple, les élèves qui parlaient une langue autre que le néerlandais à la maison n'étaient pas désavantagés. De plus, les établissements qui imposaient des politiques strictes, comme l’interdiction de parler une autre langue que le néerlandais dans l'enceinte de l'école ou le rejet de certains symboles religieux comme le voile, n'amélioraient pas les performances des élèves. Au contraire, ces approches d'« assimilation totale » se sont révélées néfastes pour la réussite scolaire.
Les élèves de ces écoles avaient deux fois moins de chances d'obtenir des résultats au-dessus de la moyenne et quatre fois moins de chances d'exceller en mathématiques, lorsqu’ils évoluaient dans un environnement qui ne reconnaissait pas leur identité culturelle ou religieuse.
L'importance d'une gestion respectueuse de la diversité
L’une des clés de la réussite réside dans la manière dont les écoles gèrent la diversité linguistique, explique Orhan Agirdag. Des règles claires doivent être établies quant à l'utilisation des langues maternelles dans les espaces scolaires. Cependant, interdire strictement l’usage de ces langues n’a aucun effet bénéfique sur les performances des élèves.
Jozefien De Leersnyder souligne quant à elle l'importance du sentiment d'appartenance des élèves. Se sentir valorisé et accepté dans son environnement scolaire a un impact direct sur les résultats scolaires. À l’inverse, les élèves dont la culture ou la langue est perçue comme « déviante » risquent de se sentir discriminés, ce qui nuit à leur performance. Les recherches démontrent que la discrimination est fortement liée à une baisse des résultats scolaires, tandis que le sentiment d’appartenance améliore significativement les performances des élèves.
Une invitation à repenser les politiques éducatives
Ces résultats incitent les décideurs politiques à revoir leurs politiques éducatives en matière de gestion de la diversité. Les chercheurs appellent à une approche ouverte, fondée sur les données scientifiques, afin d'assurer un cadre éducatif où chaque élève, quel que soit son arrière-plan culturel ou linguistique, puisse s’épanouir et réussir pleinement.
Le Vif, 3 septembre 2024