Formation en médecine : adaptation aux réalités des conflits modernes

Posté le 06/03/2025  —  Actualité précédente / suivante

Face à un contexte géopolitique en mutation, les universités francophones envisagent d’intégrer davantage la médecine de guerre dans la formation de leurs étudiants en médecine. Sollicitées par la Défense et le SPF Santé, elles réfléchissent à une approche plus structurée et coordonnée pour préparer les futurs médecins aux réalités des conflits contemporains.

Si la Belgique n'est pas officiellement en guerre, elle n’est plus tout à fait en temps de paix, selon le chef de la Défense Frederik Vansina. Cette nouvelle donne pousse différents acteurs à envisager des stratégies d’anticipation, notamment dans le domaine de la santé. En début d’année, la Défense et le SPF Santé ont demandé aux facultés de médecine d’adapter leurs cursus pour mieux préparer les étudiants à la gestion des blessures de guerre et des situations de crise. Une question qui a fait l’unanimité lors d’une réunion du Collège des doyens francophones en février.

Une formation encore trop dispersée

Certaines universités proposent déjà des modules intégrants la prise en charge des victimes de conflits armés. Les masters de spécialisation en médecine d’urgence de l’UCLouvain, l’ULB et l’ULiège incluent des formations sur le traitement des blessures par balles et les interventions en cas d’attentat. De plus, l’ULB et l’ULiège co-organisent une formation en gestion des situations d’exception. Cependant, ces initiatives restent ponctuelles et non harmonisées au niveau national.

Vers une approche unifiée et collaborative

Les doyens plaident pour une approche concertée afin que tous les étudiants en médecine reçoivent une formation similaire face à ces défis. Il est impératif qu’un futur médecin, quelle que soit son université d’origine, puisse réagir efficacement à une situation de crise majeure. Une collaboration avec la Défense est également envisagée pour bénéficier de son expertise en matière de tri des blessés, de gestion des hémorragies et de chirurgie de guerre.

L’adaptation de la formation ne se limite pas aux blessures conventionnelles. Les nouvelles formes de guerre impliquent d’intégrer dans l’enseignement la gestion des blessures causées par des armes biologiques, chimiques ou encore par les drones. Une évolution jugée essentielle par les doyens pour assurer une formation en phase avec les menaces actuelles.

Une démarche globale impliquant l’ensemble du personnel soignant

Les universités souhaitent étendre cette formation à d’autres professionnels de la santé, tels que les infirmiers, kinésithérapeutes et pharmaciens. L’expérience du Covid-19 a démontré la nécessité d’une réponse coordonnée entre différents acteurs du secteur médical. Une approche transversale est donc préconisée pour mieux faire face à d'éventuelles crises futures.

Si la révision complète des cursus prendra du temps, des ajustements pourraient déjà être mis en place dès la prochaine rentrée académique. Des formations spécifiques pourraient voir le jour rapidement pour répondre aux besoins les plus urgents. L’objectif est clair : préparer les médecins de demain à intervenir efficacement dans un contexte de plus en plus incertain.

Le Vif, 6 mars 2025


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