Enseignement de promotion sociale : une baisse des inscrits et de grandes réformes à venir
Posté le 17/09/2024 — Actualité précédente / suivante |
L'enseignement de promotion sociale, pilier de l’éducation pour adultes en Belgique francophone, a perdu environ 25.000 élèves en dix ans. Entre les années académiques 2014-2015 et 2023-2024, le nombre d’inscrits est passé de 160.630 à 135.932, soit une baisse de 15,4 %. Ce recul a été particulièrement marqué lors de la crise sanitaire, mais le secteur semble désormais se redresser, avec une hausse récente des inscriptions dans certains établissements.
Destiné à offrir une seconde chance à ceux qui n’ont pas terminé leurs études secondaires, cet enseignement a vu son public et ses objectifs évoluer. Auparavant principalement axé sur la formation des adultes peu qualifiés, il s’oriente désormais vers des programmes plus en phase avec les besoins actuels du marché du travail. Parallèlement, les inscriptions dans certaines filières, comme les bacheliers en informatique et électromécanique, sont en hausse, alors que les cours de langues connaissent une stagnation due à la concurrence accrue sur ce segment.
La ministre de l’Éducation, Valérie Glatigny, reconnaît les défis auxquels est confronté ce secteur. Elle pointe notamment l’impact de la crise du Covid-19, durant laquelle de nombreux apprenants ont suspendu leurs études. Aujourd'hui, la ministre prévoit deux grandes réformes pour redéfinir l’avenir de l’enseignement de promotion sociale. Ces réformes visent à mieux structurer les missions des différents acteurs de la formation pour adultes, et à renforcer les liens avec le monde du travail afin de rendre ces formations plus pertinentes et attractives.
La baisse des inscriptions, cependant, ne date pas uniquement de la pandémie. Elle résulte aussi de l’évolution des attentes à l'égard de l’enseignement pour adultes. Dans les années 1970, la promotion sociale visait surtout un public faiblement qualifié, avec une offre centrée sur les cours du soir. Aujourd’hui, cet enseignement propose des cursus plus longs et plus spécialisés, souvent au niveau du bachelier, ce qui a réduit l’offre de formations dites occupationnelles.
Une autre difficulté rencontrée par le secteur est le manque de visibilité par rapport aux autres acteurs de la formation pour adultes, tels que les centres de formation en alternance ou les formations professionnelles financées par les Régions. Le financement insuffisant de la promotion sociale, comparé aux autres établissements d’enseignement supérieur, est aussi un enjeu récurrent. Malgré cela, les responsables de cet enseignement mettent en avant la qualité des formations, reconnues par le monde du travail et par les étudiants eux-mêmes.
Un des changements envisagés par la ministre Glatigny est d’ailleurs un éventuel changement de nom. La promotion sociale pourrait bientôt être rebaptisée « enseignement pour adultes », afin de mieux refléter ses missions et de moderniser son image, un point qui fait déjà débat au sein du secteur.
Si la reconquête du nombre d’inscrits d’avant 2014 n'est pas l’objectif principal, la priorité semble être d’offrir des formations en phase avec les besoins du marché de l’emploi, tout en continuant à jouer un rôle essentiel dans l’inclusion sociale. Comme l’affirme l’un des responsables du secteur, il s’agit avant tout d’offrir des opportunités à celles et ceux qui cherchent une nouvelle voie et de leur permettre d’acquérir les compétences nécessaires pour s’intégrer durablement dans la société et le monde du travail.
Le Soir, 17 septembre 2024