Classements et accréditations : une menace pour la liberté académique ?
| Posté le 09/09/2025 — Actualité précédente / suivante | 
Les universités sont aujourd’hui de plus en plus évaluées à travers deux outils : les classements internationaux et les accréditations. Présentés comme des instruments de transparence et de qualité, ils imposent pourtant des standards qui pourraient restreindre l’autonomie académique et réduire la diversité des approches pédagogiques.
Les classements mondiaux, largement médiatisés, ont acquis un poids considérable dans la perception publique de la qualité des établissements. Or, leur pertinence est régulièrement mise en cause. Les critères utilisés varient, les pondérations sont arbitraires et les résultats souvent biaisés. Dès 2007, un rapport du Sénat français soulignait déjà cette hétérogénéité, pointant le risque d’uniformisation. Derrière la vitrine, ce type de palmarès pousse parfois les universités à optimiser leur image plutôt qu’à repenser leurs missions fondamentales : la transmission des savoirs, la recherche et le service à la société.
Les accréditations, quant à elles, sont devenues incontournables pour garantir la reconnaissance officielle des programmes. Elles permettent d’assurer un socle minimal de qualité en exigeant des normes précises concernant l’organisation administrative, la pédagogie ou les compétences du corps enseignant. Mais cette quête de conformité peut se transformer en corset, limitant l’innovation et favorisant des pratiques standardisées qui privilégient le contrôle sur la créativité.
Un constat revient avec insistance : ni les classements, ni la plupart des processus d’accréditation n’accordent une place réelle à la liberté académique. Or, celle-ci constitue un pilier fondamental de l’enseignement supérieur. Sans elle, impossible de garantir un environnement où la recherche peut explorer librement, où l’enseignement peut rester critique et où le débat intellectuel peut s’épanouir. Des organisations internationales, comme le Conseil de l’Europe, rappellent d’ailleurs que l’excellence ne peut se réduire à des indicateurs chiffrés si la liberté d’expression et l’autonomie institutionnelle ne sont pas protégées.
En cherchant à répondre aux standards imposés, les universités risquent de perdre ce qui fait leur richesse : leur diversité et leur capacité à expérimenter. Si les classements et accréditations peuvent jouer un rôle d’éclairage, ils doivent évoluer pour intégrer la liberté académique dans leurs critères. Faute de quoi, ils pourraient contribuer à appauvrir le paysage universitaire au lieu de le renforcer.
Le Vif, 09 septembre 2025
 
                 
                 
     
                                 
                                 
                                